Otogi Matsuri

Nous voici donc avec sous les yeux le premier manga d’un ancien designer de jeux vidéo. L’histoire commence avec, en quelques pages, le meurtre de deux prêtres par un énorme félin, le tout devant leur temple. Puis le premier chapitre commence, avec trois jeunes amis lycéens discutant de ce meurtre devant le dit temple. L’un deux, Yôsuke, détruit un autel, et voit un flash lumineux, alors que ses deux amis ne voient rien. Ils rentrent dans le temple s’excuser et tombent sur une jeune fille de leur âge en train de faire le ménage, mais le balai, la serpillière et les autres ustensiles bougent tous seuls. Intrigués, ils s’excusent d’avoir brisé l’autel et s’en vont. Le lendemain, cette jeune fille se joint à leur classe en tant que nouvelle venant d’emménager dans le village. A la fin des cours, le groupe d’amis sort, Yôsuke entend une voix qu’il est le seul à entendre, et d’un coup s’évanouit. Quand il se réveillera, il se rendra compte qu’il a été investi d’une mission et que pour se faire, des pouvoirs lui ont été conférés. A partir de là, il va devoir lutter contre une horde d’esprits fantastiques ayant une folle envie meurtrière.
Ce premier volume permet donc de lancer l’histoire, et à sa lecture on peut se rendre compte que c’est plus ou moins un croisement de deux autres oeuvres publiées chez le même éditeur, à savoir Kamunagara et Le Cortège des Cent Démons. A la première, Otogi Matsuri emprunte le caractère shonen plutôt noir, car si on a un héros qui doit combattre, on assiste quand même à des meurtres sanglants de la part des êtres éthérés. A la seconde, il emprunte le folklore d’une petite région du Japon où subsistent encore quelques traditions, et où les esprits sont toujours considérés. Cependant, ce manga à son propre style, car s’il n’est pas un seinen comme peut l’être Le Cortège des Cent Démons, ne traitant pas de la même manière avec les esprits, il évite cependant de tomber dans tous les clichés du shônen classique, en évitant par exemple à notre héros de partir en périple. Ici, tout se passe sous ses yeux, dans sa petite ville qu’on considère comme une ‘petite Kyôtô’.
Concernant le dessin, il est vraiment très séduisant. Si le dessin de la petite fille de la couverture peut rebuter certaines personnes, à l’ouverture du manga on est tout de suite charmé par la finesse et le style propre du dessin. Il est aussi appréciable de voir l’action scénarisée de manière plutôt claire, en chapitres bien pensés, et avec une mise en scène de l’action plutôt efficace. L’expérience de l’auteur en matière de jeux vidéo parle sûrement, et c’est tant mieux pour le lecteur.
Cependant, s’il fallait reprocher quelque chose, ce serait assurément le rythme de l’oeuvre. En effet, il est beaucoup trop effréné, de telle sorte que certains développements sont beaucoup trop rapides et manquent cruellement d’impact sur le lecteur, on pensera surtout au héros et à l’acceptation de ses pouvoirs, et d’autres choses encore, mais je ne vais pas vous raconter l’histoire complète.
Au final, ce manga se révèle plutôt sympathique, et même si l’histoire est beaucoup trop rapide pour convaincre parfaitement, elle reste plutôt distrayante et, servie par un dessin de bon niveau et une ambiance mystique, pourrait se révéler intéressante. On attend le second volume pour confirmer tout ceci.