|
|
| [Ecrits] Kibô se lance!... | |
| | Auteur | Message |
---|
Kibô Portgas.D.Ace
Nombre de messages : 1278 Age : 34 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/04/2006
| Sujet: [Ecrits] Kibô se lance!... Mar 26 Juin 2007 - 0:33 | |
| Quelques écrits que j'ai retrouvés, dépoussiérés pour la plupart après une longue période de maturation. (un peu comme le vin, sauf que j'ai pas l'impression que ça se bonifie pour autant... ) Je vous laisse juger. Pour le moment : deux textes. L'un est sensé relater mon apparition dans ce bas-monde (enfin telle qu'on me l'a racontée, et que je me la suis imaginée ). L'autre est d'un autre style. Je préfère l'autre, et je ne suis pas le seul semble-t-il... Pour ceux qui auront le courage et la courtoisie de lire un peu tout ça ! Kibô : Premières impressions.- Spoiler:
Je m'en vais vous raconter l'histoire d'un garçon, comme il en existe tant d'autres.
12 février 1990 naquit William. J'étais sensé sortir le 1er février, mais déjà je voulais vivre ma vie par moi-même, que rien ne me soit dicté... C'est donc presque deux semaines après la date convenue que je parut, sorti de force à la pince. Ma pauvre mère m'attendait depuis assez longtemps, il vallait mieux ne pas la faire trop attendre. (Remarque : je ne me souviens pas trop d'avoir eu le choix pour sortir... :s).
"Me voilà sorti, cet endroit ne me plaît pas du tout. C'est qui ces tarrés ? Je peux remonter là d'où je viens ?
Moué personne me demande mon avis... malgré mon poids pour un nourrisson, ce n'est visiblement pas suffisant pour m'opposer à l'autorité locale...
Ils sont affairés à discuter de je ne sais quoi qui leur parait très important : "- Et vous allez l'appeler comment votre garçon ?" ... Un grand type répond "William" et voilà que le chahut se poursuit. Des ciseaux s'approchent de mon corps frissonnant. Qu'est-ce que c'est encore ? On m'expliquera plus tard que c'est ma grand-mère qui a coupé mon cordon ombilical. Pour le moment ce n'était pour moi qu'une folle de plus avec une autre pince en fer... Il parait que dès la naissance je faisais des sourrires à tout le monde et que je n'ai jamais pleuré. Ca doit surement expliquer pourquoi ça m'arrive souvent d'avoir mal au pieds droit...
- "RAAAAAH COMMENT CA SE FAIT QU'IL NE BRAILLE PAS ENCORE ???" *TAP, TAP, TAP... * (mais qu'est-ce qu'ils fabriquent encore ?) *TAP, TAP, TAP... *
Pas compri ce que je suis sensé faire mais en tout cas tous les regards sont tournés vers moi. Je suis content. Plus personne ne fait de bruit, ça m'apaise. Je prend une petite inspiration et je me mets à gazouiller pour combler le silence.
* Aaaaaaaaaaaaah ! *
(Gnéé ?...)"
[...]
Dernière édition par le Mar 26 Juin 2007 - 12:24, édité 1 fois | |
| | | Kibô Portgas.D.Ace
Nombre de messages : 1278 Age : 34 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/04/2006
| Sujet: Re: [Ecrits] Kibô se lance!... Mar 26 Juin 2007 - 0:51 | |
| Ce n'étais qu'un amuse-gueule : je vous propose à présent le plat principal, une expérience vécue. (étant écrit dans le vocabulaire de circonstance, certaines choses peuvent après cette lecture vous paraître obscure, voire même pas compréhensible du tout. Et je précise que ce forum reste et demeure laïque, il s'agit là que d'un vocabulaire de circonstance. (lettre à remettre aux instances supérieures) Raid scout de juin 2006- Spoiler:
1. Rapport de Raid de William ... Kibô, SP (Second de Patrouille) du Husky.
Samedi 1er Juillet : départ en raid. Uniforme impécable, sac sur le dos, bérêt sur la tête, billet en main. J'arrive à 14h37 devant les grandes lignes. Mon train s'en va, je l'ai laissé s'en aller : trop gris, trop triste, pas à ma convenance. Henri arrive au moment où le train n'est plus visible. Heureux, je lui fait le salut scout, le prend par l'épaule, et nous allons faire la queue pour changer nos billets pour le train suivant de 16h13. Compiègne peut bien attendre deux heures. J'en profite pour acheter ce qu'il me faudra pour faire mon pain, un journal pour le trajet et une bouteille d'eau pour moi. Il fait chaud, il faut beau, le temps est radieux, c'est prometteur. Pendant toute la semaine, nous avons décortiqué mot à mot le programme de nos raids respectifs. Nous connaissions par coeur le contenu de cette feuille qui nous guida tout le long de cette aventure : · Prendre le train pour Compiègne à Paris Nord à 14h37 16h37. · Rejoindre le carrefour Royal. · Prendre azimut 62° jusqu’au rond point de l’Armistice sur 5 km. · A 21h30, quitter cet endroit pour prendre l’azimut 167° sur 4,45 km jusqu’au carrefour du Puits d’Antin, lieu du bivouac. · Le lendemain : prendre azimut 256° sur 4,95 km, jusqu’au carrefour des Arzilliers · Du carrefour des Arzilliers : prendre azimut 354° sur 3,2 km jusqu’au carrefour Royal · Rejoindre Compiègne, prendre le premier train pour Paris, appeler Narval M. X (06-76-...), et enfin une Sainte Messe du dimanche pour clôturer le raid.
Arrivés à 17h02, conformément à ce qui était écrit sur le billet de train, nous piquâmes tout de suite sur le Carrefour Royal. Avant d'arriver au Rond Royal, une femme tout de blanc vêtue, semblant surgir du néant, une canne et des lunettes de soleil pour attribut, nous accoste par derrière. Elle nous explique qu'elle est mal voyante, et qu'elle ne peut lire les horaires de passage des bus, qu'elle a déjà bien marché et qu'elle serait heureuse de recevoir une quelconque aide. À l'arrêt, les horaires notés sont déjà dépassés, et aucun bus ne repassera avant le lendemain. Nous l'accompagnons jusqu'à l'arrêt de la rue St Lazare. Les horaires sont arrachés, et rien ne peut nous dire que le moindre bus passera. Elle s'assit résolue. Nous insistons pour lui tenir compagnie, et au pire pour la raccompagner chez elle. Elle refuse gentiment, prétextant que nous avions de la route, et qu'elle est sure qu'un bus passera. Nous la quittons à regret, mais à peine quelques mètres parcourus un bus nous dépasse. Soulagement, nous sommes heureux et remercions Dieu de nous l'avoir placée sur notre chemin. Elle s'en est allée comme elle est venue.
Fort bien, nous avons aidé une personne dans la nécessité, mais maintenant, nous nous sommes bien éloignés de notre chemin, et pour reprendre sur le Carrefour Royal, c'est une autre affaire. Nous avisons. Les panneaux ne nous sont d'aucun secours, mais les gens et la minute où nous avons pu voir une carte de la ville au sortir de la gare nous guident. Nous arrivons rapidement au carrefour. Nous nous posons sur un banc. Il fait décidément vraiment chaud, et nous n'avons pas mangé depuis le déjeuné. Nous buvons et nous restaurons. C'est là qu'un jogger nous salut et nous demande notre aide. - J'aime énormément cet uniforme, mais je comptais vite partir sur mes azimuts... Ca m'a plut que l'on me demanda ainsi mon aide, j'avais vraiment changé de cadre de vie. - Il se trouvait qu'une mère, accompagnée de ses deux enfants, avait calé en voiture et n'arrivait plus à redémarrer. Le jogger, nous deux scouts, et bientôt un homme de 60 ans, nous poussâmes la voiture. La démarche était simple : la femme devait se mettre en deuxième vitesse, nous pousser, et le moteur redémarrer sous l'impulsion de sa conductrice. La carlingue était brûlante, je préférai pousser par la fenêtre (normal!). Rien à faire, nous courions très vite, mais la voiture ne cessait de freiner quand la femme enclenchait le contact. Après quelques remous, le moteur retournait à sa quiétude alarmante. Décision difficile, nous quittons le groupe découragé, laissons la petite famille à sa mauvaise fortune. Pas facile de réaliser que l'on ne peut pas forcément toujours aidé quelqu'un. Je serai médecin, autant que je me le mette maintenant dans le crane... D'autres gens étaient auprès de cette femme, elle était entre de bonnes mains.
Je salue Henri, lui donne rendez-vous au soir. Je conviens avec lui que lorsqu'il entendra son nom crié, qu'il crie le mien en retour. J'arriverai en azimut de nuit, aussi autant être certain d'arriver au bon lieu. La forêt de Compiègne a cette particularité qu'à chacun de ses carrefour, un énorme poteau-directoire blanc (avec des panneaux dirigés selon les différents chemins-routes, avec le nom du prochain carrefour, et celui de celui-ci) a été posé au centre. Aussi, de ce panneau, je pris mon azimut. 62°. Pas de doute, c'est exactement entre deux chemin.
Mon aventure commence, enfin.
Je pique tout droit en repensant aux échos que j'avais entendus au sujet du raid de Raphaël. (murs de ronces, dénivelé énorme, marais...). Mon azimut passe par un haras, je choisis de le contourner. Je continue d'une bonne foulée. Narval avait prévu que j'avancerai au rythme de 2 km/h, je me faisais un défi de lui prouver le contraire. Je croise nombre de chemins, les routes divergentes du départ se sont suffisamment éloignée pour que je ne puisse plus les apercevoir. Maintenant, je n'ai plus qu'un allié : ma boussole; technique énormément rabâchée, mais plus que jamais d'actualité : pointer sur un arbre, puis arrivé à celui-ci, pointer sur un autre afin de ne pas dévier de la trajectoire. Je continue. Je passe à côté d'une barrière ressemblant énormément à celle du Parc Monceau, mais qui s'arrête à ma hauteur. Je continue toujours plus profondément. Il fait très chaud, j'ai la gorge sèche, mais je ne suis pas encore impressionné par ce chiffre fantasmagorique de « 5 km d'azimut ». Je crois quelques ronces, je les salue et piétine leurs sœurs orties. « Le scout voit en la Nature l’œuvre de Dieu; il aime les plantes et les animaux. » Disons que même dans le règne animal tout n'est pas bon à côtoyer de trop près. Il est 19 heures. Une heure s'est écoulée et je suis déjà arrivé à la moitié de ma bouteille fraîchement achetée. Je ne réalise pas encore à quel point je suis seul. Dès qu'un obstacle m'apparaît, je me récite le mot « PECHU ! » comme un mot-force qui me porte. Je me rend compte que jamais depuis mon entrée à la Première je n'aurais pu me lancer dans ce genre de raid. Il m'aura fallu arriver à la fin de mon parcours scout pour enfin arriver au top. Je réfléchis sur ma possible accession au rang de CP pour l'année prochaine. Il me faut convaincre mon père et moi-même, et je ne sais lequel sera le plus rigide... Après avoir traversé une forêt de fougères, cachant à leurs pieds de charmantes ronces, et m'occultant une énorme descente puis une montée apic, j'arrive sur un chemin. Je pose mon sac : j'ai vu sur ma gauche un poteau blanc, et peut-être aussi une voiture et un homme. Je trace une flèche pour me signaler de quel chemin je viens. J'approche de la voiture. Une femme y est assoupie, son compagnon est allé uriner à l'abri des regards. Je la salues, la réveille par le même biais, et lui demande si je suis encore loin du Carrefour de l'Armistice. Elle ne sait pas, et le panneaux du carrefour non plus. L'homme arrive. Il sourit malgré sa braguette qui ne veut se refermer. Je lui repose ma question après l'avoir salué. Il m'indique une direction qui coïncide parfaitement avec mon azimut, et me dit que ce n'est pas trop loin. Il est 19h30, c'est la première fois que je suis un azimut aussi long, cependant, on me signale que mon carrefour n'est pas loin, et que je suis effectivement le bon chemin. Très satisfait de moi-même, je retourne à ma flèche tracée dans le sable, puis reprend à dos mon sac. Mon azimut semble suivre un chemin indiqué par le panneau du carrefour. J'entend la voix de Narval qui me glisse « surtout, n'essayez pas de suivre une route quand elle semble suivre votre azimut » puis une autre voix « PECHU! ». De toute manière, après un moment, mon azimut traverse cette route. Le paysage ne change pas tellement. Beaucoup d'arbres resserrés les uns contre les autres, une certaine difficulté à avancer du fait de ma bâche mise en travers de mon sac, à la manière d'un tapis de sol. La forêt de fougère me fit réaliser une fois sa traversée effectuée – à tour d'azimuts repris tous les 10 m – je commence à saisir pour les 2 km/h – qu'une myriade d'insectes me suivait. A chacun de mes arrêts « reprise de l'azimut », mes jambes et mes bras me semblaient avoir des fourmillements. A la vérité, ça s'apparenterait plutôt à des « moustiquements ». Mes membres étaient couverts de ces charmants petits êtres, sans compter mes jambes qui continuaient à pâtir sous le déchirement des ronces. Après la forêt de fougères, le sort me fit traverser une forêt d'orties de ma taille. Un fort dénivelé sur une bonne distance. Voici ce que fut le menu des réjouissances. Ensuite je repris dans des fougères, et enfin des hautes herbes. Là on se souvient du premier film de Jurassic Park de Steven Spielberg, au moment où les humains se font courser par des vélociraptors. Au lieu de reptiles, j'eus droit à une terre boueuses, puis à une terre dans laquelle je m'enfonçait peu à peu. Les fameux marais, accompagnés des désirés moustiques. Une avancée très difficile, et peu plaisante. Je pensais que les réjouissances s'étaleraient sur tout le raid, et que pour le premier jour je n'eus qu'un avant-goût. Cet avant-goût devint le calvaire d'un jour. Mes jambes étaient lacérées, et mes membres couverts de nouveau colocataires. Je suivais toujours mon azimut, répétait toujours mon désormais habituel « pêchu! », mais avec moins d'entrain, plus de lassitude. Narval avait été bien généreux sur les difficultés, j'en chiais, mais Raphaël était passé par là. J'en faisais une raison de continuer, et une nouvelle force pour avancer. Après la force physique du repos et de l'enthousiasmes, celle supra physique de la hargne. J'avais cru pouvoir arriver rapidement à ma première étape, et pouvoir m'y prélasser avant de repartir pour 21h30, Cependant il était déjà 20h et je ne savais pas à quelle distance du wagon j'étais. Je n'y étais pas pour sur.
| |
| | | Kibô Portgas.D.Ace
Nombre de messages : 1278 Age : 34 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/04/2006
| Sujet: Re: [Ecrits] Kibô se lance!... Mar 26 Juin 2007 - 0:52 | |
| Suite et fin du raid de juin 2006- Spoiler:
Finalement, une demi-heure plus tard, j'arrive sur une route goudronnée. Plus un chemin de terre, une route goudronnée. Route goudronnée... Route goudronnée !!! J'ai eu de la boue super dense jusqu'aux genou et plus si affinité, j'ai goûté de tout, et là enfin j'avais une route goudronnée. Le carrefour était obligatoirement non loin de là. Et en effet, soit mes prières ont été entendues, soit j'ai plutôt bien tenu mon azimut; j'étais arrivé devant une statue immense encerclée par du marbre rouge piqueté de noir. Un aigle sur un piédestal et une épée semblant lui perforer le flanc. 1914, à gauche. 1918, à droite. Le carrefour ne portait pas le nom de Carrefour de l'Armistice, mais pourtant il y avait cette imposante statue. Je me pose, je la croque. Rapidement, à main levée, à l'arrache; je finirai plus tard. J'entend des voix d'enfants, je les vois derrière des arbres jouer. Je me dirige vers eux. Suivant un chemin bordé d'arbres, mais fermé par une chaîne imposante, j'arrive peu à peu sur une autre place. Avec des rails au sol, un relief étonnant au sol, des formes géométriques diffuses, une grande statue de Foch au fond. Ca ne ressemble à rien de ce que je connais, et du plus loin de ma mémoire, je n'arrive pas à reconnaître le fameux wagon de Rethondes. Sur la place d'avant, j'avais vu un panneau marqué du nom de la ville. Me suis-je trompé ? Ai-je effectivement mal suivi mon azimut ? Sur 5 km ça serait logique voir normal. Tout à l'heure j'ai entendu des voix et des cris d'enfants, je me dirige vers leur direction. Des barrières « propriété privée », je les enjambe. J'ai une raison d'être là, je suis paumé, et j'ai presque plus d'eau. J'approche d'une petite porte, des gens sont dans le jardin, et font un barbecue. Peut-être m'en proposeront-ils ? Un homme se lève de table et se dirige dans ma direction. Il a l'air irrité, je l'aborde poliment. Je suis bien sur le Carrefour de l'Armistice! Et il en est le responsable. Fort bon! Et il a été scout avant moi. Encore mieux! Et il me parle des petites barrière que j'ai enjambées. Il a été scout... Et il m'engueule, et il retient plus ou moins ses chiens qui aboient à s'en déchirer les cordes vocales, et me dit qu'il reçoit des amis, et donc qu'il ne veut pas être dérangé. Que j'aille me faire voir. Il est 21h, j'ai à peine le temps de me poser, le départ est pour bientôt, je suis à plat, et je ne peux pas recharger mes réserves en eau. Il me reste la moitié de ma gourde. Fort heureusement, j'avais prévu le coup, et me suis donc armé de suffisamment de fruit juteux. Je grignote des prunes, bois un coup, me pose. Cette place est décidément très laide! Peu importe, je ne compte pas m'y éterniser. Je respire un grand coup, m'en veux d'avoir eu des pensées haineuses, et fais le vide. J'en ai chié pour en arriver là, mais de nuit, Narval n'a pas été assez sadique pour me réserver des marais et un trop fort dénivelé. Je regarde à l'horizon, constate que le Soleil décline, fronce les sourcils, regarde ma montre : 21h18. Tant pis, je n'attendrai pas. J'ai calculé que je serai auprès d'Henri vers 23h30/minuit, donc autant me presser. Si je reste là, je n'y serai jamais. Le fait d'avoir réussi à tenir sur un azimut me réconforte. Je re respire un grand coup, et je repars. Je n'ai presque plus d'eau, et le temps me fait défaut. Je n'ai pas le droit à l'erreur : c'est tout droit. Je passe par un trou dans un grillage de 3 m de haut, je continue en bourrinant. Plus « péchu », mais désespéré. Je bourrine, je n'ai plus qu'un objectif, arriver au lieu du bivouac. Là-bas, Henri me fera ma bouffe (normal, vu qu'il y aura eu le temps de se reposer; le respect réservé aux anciens...), je pourrais respirer normalement, et me dire que le pire est passé. Je respecte à ce moment énormément Alexis pour avoir fait un raid Raider sur deux nuits, en forêt. Dans ma précipitation, je constate que mon azimut passe par un chemin. Puis par un autre. Merci Narval ! En même temps je me dis que c'est logique. Sans carte, rien n'empêche mon trajet de passer par un chemin. Je trace. Je cours. Je gambade. Je saute au dessus des branches et bois débités. Un pas lourd (la faute aux bottines de cuir montantes), de fortes enjambées, un souffle puissant (l'Aïkido, tout le monde devrait en faire..). Je me fais peur et me fascine. Me dis qu'il me manque un peu plus de poil, et un sac en trop (je propose un troc) et ça y est, le scout William n'est plus, fondu dans la nature... J'avais pris possession du Tigre Blanc, l'animal qui me fait le plus vibrer, et seul mon instinct me faisait avancer. Je n'avais plus peur. Je ne tremblais pas. Je ne réfléchissais pas. J'allais tout droit, je courais. Je narguais les ronces, je ne les sentais plus. Il faisait noir, aussi seul la lumière attirait mon attention. Tout s'obscurcissait alentour. Au loin, entre les arbres, une silhouette blanche. Un panneau de carrefour ? Dans le doute j'accélérai la cadence. Les ronces tentaient de me retenir, mais l'attrait de cette lumière était trop forte. J'étais comme aspiré. La pente se raidissait. Le carrefour m'attendait en haut de cette colline. Et là, les panneaux de carrefour se sont multipliés. A la base, un carrefour n'en comporte qu'un en son centre. Alors qu'était-ce ? Juste de la lumière. Blanche, pure, immatérielle. Tant pis, ce nouveau rythme pris, je ne pouvais m'en défaire. Arrivé là où j'en étais, seul mon lieu de bivouac importait. Arrivé à la lumière, j'arrivai sur une route. Je repris l'azimut de l'autre côté. Plus tard : une autre route, avec un carrefour sur la gauche. Je déposai mon sac, et allai consulter le panneau. Mauvais carrefour. Mais la route suivait sensiblement mon azimut... Je repris mon azimut, à partir de mon sac. Successions de pentes, de montées, de descentes, d'épineux, de ronces et d'orties. Au fur et à mesure que je progressais, la lumière se rapprochait du sol; une lumière horizontale qui me portait, comme mu dans un état second. La lune apparaissait par intermittences au-dessus de moi. Quatrième chemin que je passais, et troisième carrefour à ma gauche. Toujours pas le bon. J'y voyais presque plus sous les arbres, et je répugnais à sortir ma lampe torche. S'en aurait été fini de ma visibilité. User d'une source lumineuse plus puissante que celle du jour, mais moins étendue, m'aurait privé de toute chance d'atteindre mon but. J'avais besoin de voir un but, mon but, non les arbustes à un mètre de moi. Arrivé au cinquième chemin, et au quatrième carrefour sur ma gauche, j'abandonnais l'azimut. Tant que j'avais un minimum de lumière, autant l'utiliser à ne pas me perdre et à arriver sur le lieu de bivouac. Mon azimut m'indiquait qu'il devrait couper cette route d'un moment à l'autre, puis aller sur sa gauche. La boussole à la main, et les panneaux pour repérer un possible Carrefour du Puits d'Antin, je continuait mon chemin sur la route. 2 km/h par l'azimut, 7 par la route, mon choix était pris. En faisant cela, je savais que je m'exposais à une possible perte de mon chemin, à une possible nuit loin de tout, et surtout loin d'Henri, et que la suite de mon raid s'en trouverait compromise. Dans le doute, j'élevai un petit monticule avec des branchages sur le bord du chemin, sur l'azimut. Si je ne retrouve pas Henri, je referai marche arrière jusqu'au monticule, et reprendrait mon azimut. La marche n'a pas été longue, au troisième panneaux, je fus arrivé au carrefour. Grand soulagement. Je pose et sors tout. Mon feu s'élève dans la nuit étoilée, mon pain et mes pommes de terre cuisent. J'étend ma bâche, mange, prend note de ma journée, puis me couche.
[menu du repas trappeur : 4 pommes de terres (aluminium), 1 concombre, 1 tomate (pas explosée), 1 oignon, 1 sachet de lardons, 1 brie, 1/2 pomme. (autant dire que j'ai bien mangé, tout en n'étant pas sur de ne pas avoir fait trop compliqué. Je suis gourmet, c'était un repas trappeur pour moi!)
Dimanche 2 Juillet : Réveil avant 6h. Je n'arrive pas à retrouver le sommeil, et je me dis que c'est mieux ainsi. La route de la veille m'a épuisé, je ne pense qu'à une chose : le train. J'avais prévu de prendre le train de 16h50, maximum, mais vu l'heure qu'il est, je vise bien plus tôt : 13h. J'en suis capable, seuls 8,5 km me séparent du lieu. Je plie tout. Je petit-déjeune.
[menu du petit déjeuné : 2 barres céréalières (grany), 1 bouteille de YOP, 1 pamplemousse entier, 1 prune] Pendant mon petit repas, un homme sort d'une trouée. Pantalon, veste treillis, lunettes de soleil et appareil photo à gros objectif. Il me souhaite « bonne appétit », traverse le carrefour, puis repart en azimut. Une autre curiosité locale..? Je suis reparti. J'y vais d'un bon rythme. J'ai convenu avec Henri de l'appeler, ou l'inverse, quand je (ou lui) serais arrivé à la gare. Mon premier azimut de la journée suit un chemin, je jubile. Tout droit, toujours tout droit. Je continue. Il doit être 8h quand j'arrive au deuxième carrefour. Toujours tout droit. La rosée qui s'est déposée sur les hautes herbes du chemin me chatouille les jambes et ravive la douleur de la veille. Mes jambes sont quand même dans un sacré état. Je dépasse des marais sur ma gauche, j'arrive à un autre carrefour (peut-être le 8ème) où se sont arrêtés en voiture un couple de retraités. Ils me saluent, me questionnent. Je fais une promotion tout à fait correcte de la troupe. L'homme ne paraît pas étonné de mon escapade champêtre, mais la femme reste sceptique. Je m'arrête donc. Après une demie-heure de conversation forcée (ne pas avoir de pensée négative sur les personnes âgées), je repars enfin. Enfin mon azimut sur chemin se termine, et je repique à travers bois. Moins de ronces, plus de sous bois, je trottine. Je traverse nombre de chemins, des gens au bout s'étonnent, je ne m'arrête pas. A ma gauche, nombre de panneaux directoires que je dépasse. L'un d'eux sera bientôt celui du carrefour des Arzilliers. Le couple retraité de tout à l'heure n'en a jamais entendu parler. Je ne m'inquiète pas trop. Je continue mon azimut. J'ai l'impression d'avancer avec plus de facilité que la veille. Sûrement la lumière. Je tombe face à un dilemme : une grille de 3m impossible à escalader. Je contourne. Manque de chance, pas moyen de prendre mon azimut le long de cette grille, je le reprend plus tard, mais au pif. Je reprend à travers bois. La pente est nulle, un vrai bonheur. Je continue, les arbres se resserrent, mais c'est tout à fait abordable. J'ai l'impression d'avoir dépassé mes 5 km. J'ai vu énormément de carrefour sur ma gauche, mais aucun n'indiquait mon carrefour. Je continue. Et je trouve ! Il doit être 10h30. Il ne me reste plus qu'à couper jusqu'à Compiègne, via le carrefour royal. La traversée est plus difficile, les arbres plus resserrés. Ma bâche à l'arrière se prend à tout. Je défais et refais mon pactole. Je continue. Il est 11h15, et je ne sais toujours pas où je suis. Pas de bruit de voitures, rien. Quelques trilles d'oiseaux. J'enjambent les buissons de ronces, en contourne d'autres. Ma boussole est mon maître. Je suis docilement le chemin indiqué. Encore un chemin désert passé. Je continue ç travers forêt. (c'est vraiment stressant de se dire que l'on pourrait aller nettement plus vite par la route. La tentation est là, mais je ne cède pas.) Grande crapahute. Enfin un bruit de voiture. Un carrefour qui n'est pas le bon à ma droite. Un autre. Et enfin un carrefour qui est le bon. Je vérifie ébahi. C'est bon! Je l'ai fait!! Grande joie. Mes pieds me rappellent que je ne suis pas arrivé à la gare et que je suis complètement explosé. Très sympathique à porter les rangers, mais très fatigant. Pas d'ampoules, mais les plantes des pieds qui chauffe, jusqu'à devenir raides(!). Le chemin bétonné me semble plus long qu'au départ. Je croise des anglais à l'abord de la ville. Ils sont de visite, ne connaissent rien, mais semblent réagir au fait que je vienne de Paris, et que j'ai dormi dans cette « wonderfull forest ». « It was lovely », dis-je. Contrairement au couple de retraités, j'arrive à faire comprendre que je suis pressé. N'ayant pas de plan de la ville, et étant en bordure, je décide de descendre le plus possible, et d'arriver au fleuve. Ensuite de là, je retrouverai la gare qui est bordée par celui-ci. Chose faite. Avant d'entamer ma descente, je m'arrête par Picard, achète 4 glaces que je partagerai avec Henri pour me faire pardonner. Il est 12h, et ça fait une demi-heure qu'il m'a appelé pour me prévenir qu'il était déjà là. Lorsque je le vois enfin, deux garçons (racailles) discutent avec lui, et semblent le gêner. Par contre une fois qu'il m'a vu, il se décontracte et vient à ma rencontre. Pas le temps de se parler, nous filons au guichet pour prendre les billets. Il est 12h06, le train qui vient d'arriver en gare et qui part pour Paris part à 12h07. Une femme fait la queue avant nous, et rouspète. Nous en avons plein les pieds, donc pas la force de rouspéter, ou de calmer la femme.
Nous sommes effectivement montés dans le train de 12h07. Et sommes sains et saufs.
| |
| | | vesper Shanks le roux
Nombre de messages : 2655 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 19/03/2007
| Sujet: Re: [Ecrits] Kibô se lance!... Mar 26 Juin 2007 - 0:56 | |
| Kibo c'est mis a l'ecriture bon ce soir j'ai pas le temps de lire mais promis je je ferai 2m1 | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: [Ecrits] Kibô se lance!... | |
| |
| | | | [Ecrits] Kibô se lance!... | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|